mardi, octobre 31, 2006

Mali en images 1





Pour ceux et celles qui n'ont rien retenu de leur cours de géographie: je vous présente le Mali! Je me situe tout au sud du pays pas très loin de la Guinée.













La preuve que dormir dans les aéroports ne me stresse pas du tout! Je suis présentement à Paris dans le terminal 2C. Je n'ai jamais eu conscience que Christian me photographiait pendant mon petit somme...les 7-8h d'attente furent finalement de courte durée.










Que ce soit au Québec ou au Mali: j'aime toujours faire la vaisselle! Je suis chez Véronique à Bamako où je viens tout juste de déguster un délicieux repas. Remarquez que je porte toujours mes bingles (bracelets), ils n'ont pas encore cassé après plus d'un mois!

















Bienvenue à Sanankoraba!
Suite à une journée de formation, les gens se sont rassemblés en vue de discuter sur les sujets abordés. Notez qu'ici il s'agit d'un atelier spécifique et non pas l'un des 32 ateliers préparatoires où il peut y avoir jusqu'à plus de 300 personnes.








Et voici...ma maison!
Je fais des jaloux là, non?!

Comme je vous l'avais mentionné, le bureau est très bien et même qu'il est plutôt joli!
Voyez ce ciel bleu!

lundi, octobre 30, 2006

Semaine 2 : Baptême

La naissance de Yayi Samaké

Toujours à Bamako, toujours aussi perdue dans cette ville, toujours aussi étonnée par les différences et toujours aussi assommée par la chaleur, j’ai retrouvé un peu de l’occident lors d’un souper de groupe dans un petit restaurant chic qui avait comme mission de souligner le départ vers le Canada de la femme d’un coopérant qui alourdie par un précieux fardeau s’en retourne à la maison pour sa délivrance. Au menu je choisi le capitaine, poisson populaire du pays, afin de balancer l’équilibre du repas : un environnement du Nord contre un repas du Sud.

Le lendemain fut encore riche en découvertes puisque je me suis rendue dans le village de Sanankoroba à près de 1heure de route de la Capitale. Première population à avoir reçue l’aide de SUCO, c’était un bon point de départ pour mes premières observations. Là-bas, j’ai assisté à une formation donnée sur l’entrepreneurship féminin. Cette expérience m’a permis de prendre contact avec les outils éducatifs qui sont utilisés et de comprendre quelque peu la dynamique des groupes d’apprentissage. Dans la soirée (après un somme bien mérité!), je suis partie à l’épicerie (ce terme n’est pas un euphémisme…il s’agit bel et bien d’une épicerie!) afin de faire des provisions en vue de mon départ imminent vers mon lieu d’affectation.

Après une deuxième journée à Sanankoroba, me voilà déjà en route pour Bougouni. Anxieuse, pendant tout le trajet j’ai essayé de me faire une représentation mentale de l’endroit. Accompagnée par Véronique (ma superviseure), je me sentais prête à découvrir le milieu où j’allais séjourner pour une période de plus ou moins 5 mois. Arrivée dans une noirceur complète, le soleil disparaissant vers les 18h45, je ne pus qu’entrevoir cette ville qui à mes yeux est plutôt un gros village.

Le bureau de SUCO qui pour moi fait office non seulement de lieu de travail mais aussi de logement est très bien. J’y trouve tout le nécessaire dont je peux avoir besoin et comparativement à l’Inde…non ça ne se compare tout simplement pas! Bien gardé de jour comme de nuit par trois hommes, je n’y suis jamais seule ce qui est autant un avantage qu’un inconvénient. J’ai rapidement compris que les gens ne comprennent pas le besoin « d’être seule ». Je dois pratiquement m’enfermer dans la salle de bain pour lire un chapitre sinon quelqu’un vient me faire la causerie persuadé que la lecture est un refuge à l’ennui. Moi qui adore lire! De nature très serviable ajoutée au fait qu’ils sont rémunérés pour cela, j’obtiens tout ce que je désire de leur part : de la miche de pain à l’eau potable.

J’ai fait connaissance avec les personnes du bureau qui sont au nombre de cinq et je ne peux que les remercier de leur accueil si chaleureux. C’est ainsi que j’ai été mangé dans la famille de mon patron, que j’ai passé un après-midi dans la famille de la secrétaire et que j’ai partagé un autre repas avec une agente de terrain. Constamment à la recherche d’une compréhension plus élargie de leur culture, je me suis également rendue à la messe en compagnie d’un autre agent de terrain. Ne riez pas! Loin de moi l’idée d’être une fanatique de la religion, mais à mes yeux une expérience en vaut bien une autre. Notez que les catholiques ne représentent que de 1 à 2 pourcent-s de la population. Je dirais qu’après deux heures assise sur un banc d’église sans ventilateur…j’avais hâte de sortir! Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, la messe débute par les louanges qui sont d’ailleurs fort jolies et bien rythmées. En plus d’être la seule blanche, ce qui m’a valu déjà un nombre de regards perçants important, mon compagnon insiste pour que je m’assois parmi les hommes afin qu’il puisse m’expliquer de temps en temps le déroulement de la cérémonie. J’ai pratiquement regretté d’avoir mis une jupe plutôt que des pantalons ce jour là!

Je ne suis pas encore en mesure de dire avec exactitude comment je vais m’intégrer à la grande famille qui m’entoure, mais comme tout les nouveaux nés j’avais à entrer officiellement au sein de celle-ci. C’est ainsi que Marie Christine fut délaissée et que Yayi est née. Traduit littéralement « yayi » signifie « maman » et ce nom m’a été attribué en l’honneur de la mère de mon patron. Je suis donc son homonyme. Comme nom de famille, je suis une Samaké en raison qu’une des agentes de terrain se nomme ainsi et qu’elle me voulait comme sœur. Encore totalement mélangée dans les liens de cousinage, je vais devoir me mettre à la tâche afin de déterminer qui est mon esclave, mon égal ou mon maître afin de pouvoir adopter l’attitude de plaisanterie qu’il convient. Quoi qu’il en soit Yayi est dorénavant nul autre que moi!

Apprentissage du moment : L’identité n’est que la perception que les autres ont de toi

mercredi, octobre 25, 2006

Semaine 1 : Le ramadan

Trois petits tours et puis s’en vont…

J’ai été accueillie en sol malien comme une vraie reine. L’image est jolie et rassurante, mais elle comporte aussi une dimension propre à la politique : je bougeais, je souriais, j’allais là où je devais être, mais chacun de mes gestes était coordonné par une personne autre. Dictature de la conduite et de la pensée, j’ai cessé pour quelques jours d’être un Homme, je n’étais plus un être doté de raison. À la différence de nos politiciens, cela n’était que pour un laps de temps! Prise en charge totalement, mon adaptation en a été grandement facilitée et j’ai pu m’approprier à mon propre rythme la réalité qui m’est présentée à chacun de mes levés. Je reprenais petit à petit mon autonomie toutefois bien cadrée dans une procédure d’accueil des plus conviviales. Loin d’être réfractaire à une telle bienvenue, c’est avec plaisir que je me suis laissée guider à travers les diverses démarches initiales.

Le lendemain de mon arrivée, qui fut d’ailleurs marqué par une grasse matinée consolidée par un tour de l’horloge complet, fut le début de l’aventure. Les jours suivants ont été occupés par la visite de la ville et des bureaux de Bamako, par la rencontre de tous et un chacun, par la révision de mon mandat, par l’élaboration d’un premier plan de travail et par des douches fréquentes.

J’ai été initiée au CCF (centre culturel français) de Bamako où tous les mardi et dimanche il y a projection de films gratuits. La qualité des films est un sujet des plus chauds puisque certains y voient du cinéma de mauvais goût juste assez bon pour servir de somnifère, alors que d’autres y voient un moyen de sortir de la maison et de combler deux heures d’une soirée qui se promettait d’être vide. Personnellement, j’ai apprécié l’expérience. Mon seul reproche étant que la salle était un peu trop vanillée et qu’une saveur marbrée aurait été préférable en raison qu’elle aurait tenu compte de la couleur chocolatée du pays. Deux mondes bien différenciés par un extérieur pourtant si insignifiant.

La fin de semaine fut synonyme de fêtes : chacun cassait le jeûne imposé par le ramadan à grand renfort de riz (encore et toujours!) et de bœuf (yahou!). J’ai écouté à la télévision les constats de la Commission Nationale d’observation de la lune afin de connaître quand était la journée de fête exactement. Faut le faire…créer une commission pour ça! Nous avons donc eu un 5 à 7 chez les gens où je demeure qui se concrétisa en un 5 à 1h30 du matin et qui se termina dans les boîtes de nuit vers les 3h30. Soyez bien assis : je ne suis pas allée danser! Pour ceux qui ont de la difficulté à digérer cette information, je vous conseille de reprendre avec une préparation mentale la lecture de ce message; un lecteur averti en vaut deux! L’adrénaline de la semaine ainsi que le stress qui l’accompagnait s’étaient dissipés peu à peu et la fatigue reprenait le dessus. L’appel de mon lit remporta la partie. Cette petite soirée me permit de voir mon patron gratter une guitare, de voir un coopérant faire une danse des plus osées, de constater la taquinerie incessante de certains et de rencontrer de nouvelles têtes.

Comparativement à l’Inde, ce qui me consterne le plus se résume en une seule question : « Où sont les gens? ». Je respire! Je peux marcher la tête droite sans craindre d’écraser les orteils de quelqu’un ou je peux regarder mes pieds sans craindre d’entrer en collision avec quelqu’un, adoptez la vision que vous préférez. Ma superviseure m’a donc amené au marché afin que je ne me sente pas trop dépaysée. Il est vrai qu’ici aussi la négociation des prix est une pratique essentielle à la survie du portefeuille et que les vendeurs cherchent à te rendre indispensable un objet totalement superflu dont l’utilisation m’apparaît souvent comme mystérieuse, mais je n’y ai pas ressenti l’agressivité parfois même physique qui caractérisait les Indiens. Moi qui cherchais des gens…j’en ai vu!

J’ai également participé à la tournée de la famille. C’est qu’ils ont des grandes familles ici! Le cousinage étant une pratique remontant à la nuit des temps, tout le monde est cousin avec le cousin du cousin de ce cousin là. J’ai quand même limité ma tournée à une maison où je suis demeurée quelques heures pour saluer ceux plus entreprenants qui passaient d’un cousin à l’autre. Si tout le monde se déplace, personne n’est chez soi et par conséquent personne ne salue personne…j’ai opté pour le mode de vie sédentaire et j’ai laissé le nomadisme aux autres. Activités différentes pour l’atteinte d’un même résultat! Voyez ici l’avantage d’une gestion axée sur les résultats. Afin de bien en saisir toutes les facettes, j’ai décidé de l’insérer à ma vie quotidienne!

Apprentissage du moment : Plus grande est la diversité, plus grande est la similitude.

vendredi, octobre 20, 2006

Le premier pas

Ça va? Ça va. Ça va bien? Ça va bien.

Dimanche dernier fut pour moi synonyme de départ. Déjà nostalgique à l’idée de quitter amis et famille avec qui je venais tout juste de renouer, j’ai vécu difficilement cette seconde séparation. Par chance, je ne suis pas suspicieuse parce que je crois que les signes m’indiquaient de demeurer chez moi…

Arrivée à l’aéroport Trudeau, la jolie dame toute en bleu vêtue assise dignement derrière son haut comptoir m’annonce que je dois lui présenter une lettre attestant de mon humble mission au Mali. En effet, le prix réduit des billets d’avion obtenu en raison « d’aide humanitaire » doit être justifié jusqu’à l’enregistrement des bagages. Le seul bout de papier en ma possession est mon contrat…au fin fond de mon sac de voyage qui est déjà disparu derrière les petites lattes de caoutchouc. Malheur! Elle m’envoie donc à la billetterie où une autre dame toujours bleue et assise me répète tel un perroquet qui veut son biscuit la même litanie. Finalement après quelques argumentations, elle reconnaît que Christian, l’autre volontaire qui part lui aussi au Mali, s’est déjà enregistré sans problème et qu’il ne faut pas être un devin pour extrapoler du fait que si lui a été en mesure de montrer les pièces justificatives demandées, c’est que moi aussi j’ai la noble intention d’aider l’humanité! Elle m’émet donc mes billets.

Siège 67A : mais quel appareil possède 67 rangées? Un boeing 747-400 où je suis assise au deuxième étage! Toute une première! Et là le capitaine annonce dans un grincement : « Mesdames et Messieurs, un de nos passagers est manquant. Pour des raisons de sécurité nous devons décharger ses bagages de l’avion. Cette procédure peut prendre plusieurs minutes puisqu’il nous faut retrouver ses effets dans la soute. Merci de votre compréhension ». Après je ne sais pas combien de minutes, parce que je suis bien trop énervée pour avoir une notion réelle du temps, un autre grincement : « Mesdames et Messieurs, le passager manquant vient de se joindre à nous. Il nous faut donc embarquer de nouveau ses bagages déchargés. Cette procédure prendra encore quelques minutes. Nous pourrons ensuite décoller. Merci et bon vol! » Un coup d’œil à ma montre me confirme que nous avons déjà plus de 45 minutes de retard…mais qu’est-ce que je fais ici?!

Le là-bas m’a accueilli avec chaleur : 28 degrés celsius + humidité à 20h30. En faisant le premier pas à l’extérieur de l’avion, je me suis dite : Ça c’est l’Afrique, alors fais avec!

Apprentissage du moment : La force du mental les Boys!

Remerciement : Jonathan, j’ai déballé ton chef d’œuvre. Wow! Que d’énergie bien investie. Un gros merci à tout ceux et celles qui ont pris le temps de me composer un mot de leur cru. Je vous emporte avec moi.

mercredi, octobre 11, 2006

Home sweet home

Entre les deux mon cœur balance

Suspendue entre Amsterdam et Montréal, beaucoup trop volubile pour fermer l’œil, j’ai partagé avec ma voisine l’expérience de mon séjour en Inde. Intarissable, je ne me suis pas arrêtée à ces douze dernières semaines, je lui ai fait le récit complet de ma vie! Pauvre petite madame aux oreilles rougies par mon babillage. Religieuse de profession, vêtue de noir et de blanc, souriante aux anges, j’ai été son démon de voyage. C’est quand même elle qui a choisi de consacrer sa vie à Dieu et aux autres! Ainsi soit-il!

J’ai été accueillie à l’aéroport à grand renfort de pancartes et de ballons
par les hommes de ma vie. En l’espace de quelques secondes, mes trois mois d’éloignement se sont réduits à une simple fin de semaine. Infatigable, le soir même de mon arrivée, je me suis retrouvée assise en tailleur autour d’un feu de camp avec dans la main droite un bout de bois prolongé par la promesse d’une guimauve dorée et dans la main gauche une bière bien froide digne d’être frappée contre ses semblables à la santé d’être ensemble. J’étais chez moi.

Les trois semaines qui ont suivi mon arrivée furent beaucoup trop courtes pour accomplir tout ce qui avait à être fait. J’ai été écartelée par mes préparatifs pour le Mali, la rédaction de mon rapport de stage, mes amis et mon désir de me retrouver moi-même. Le choc du retour? Je n’ai même pas le temps d’en avoir un!

Pour ma dernière fin de semaine au pays, j’ai décidé de profiter au maximum de la beauté colorée de l’automne québécois. C’est en bonne compagnie que j’ai gravi des montagnes dans la région de Charlevoix. Ces quelques jours retirés dans une petite auberge m’ont permis de prendre mes distances avec mes préoccupations quotidiennes. J’ai pu réapprendre à respirer.

Aujourd’hui, à quelques jours du départ pour le continent africain, j’entame le dernier sprint. Je vous invite à suivre le deuxième tome de mes aventures.

Prête, pas prête; j’y vais!