mercredi, novembre 29, 2006

Mali en images 2



Selon la démarche de SUCO, un atelier pilote est donné dans l'un des villages cibles de la commune par un agent de terrain expérimenté. Les autres agents observent la stratégie utilisée et animent de petites parties de cet atelier. Un retour est ensuite fait au bureau afin de discuter des apprentissages de chacun et des améliorations à apporter. Lors de ces ateliers, l'équipe délaisse les motos pour un véhicule. C'est ainsi que nous nous entassons les uns sur les autres!

Hawa, une agente terrain de Bougouni, est actuellement entrain de présenter un questionnaire à la population du village de Kimy. Le matériel utilisé dans les villages se limite à des tableaux et à de la craie. C'est donc à l'animateur de développer une stratégie d'enseignement qui saura retenir l'attention de la population. Plusieurs personnes ne sachant ni écrire ni lire, ce talent d'orateur est une exigence.





L'alimentationde de base dans les villages est souvent composée de maïs. Les populations entreposent cette céréale de la façon présentée sur l'image. C'est assez impressionnant de se retrouver à côté de ces réservoirs d'or!

À bougouni, deux affluents du fleuve Niger alimentent la ville en eau. Un commerce très lucratif est celui du sable. Les hommes prennent les pirogues et se positionnent dans le centre du cours d'eau. Un ou deux d'entre eux y plongent et emplissent des seaux de bois du sable qui en compose le fond. Les autres hissent les seaux pleins dans la pirogue par de longues cordes. C'est tout un travail d'équipe.

Sauter à pieds joints dans les feuilles mortes L'automne procure un plaisir fou...sauter dans le coton c'est encore bien mieux!
Voici son Excellence, Michaëlle Jean, prononçant un discours enflammé à l'ambassade du Canada. Elle affirme retrouver un peu de ses racines dans ce pays terre de ses ancêtres.

lundi, novembre 27, 2006

Semaine 6 : Son Excellence

Fidèle à moi-même

Partie en quête des ressources de la commune de Bougouni, je commençai ma semaine par une visite à la mairie. Petit lieu séparé en quatre espaces de travail, je dérangerai tout le monde en réunion dans la première pièce pour atterrir dans le bureau de la secrétaire où encore une fois je perturbai les quelques personnes assises pour accéder à une troisième salle, celle abritant le secrétaire général. Sans rendez-vous, je fonctionnai à la façon malienne : frapper trois petits coups à la porte, ouvrir celle-ci, faire un signe de la tête, refermer ce qui a été ouvert, et patienter jusqu’à ce que je fusse priée d’entrer. Cette rencontre s’est soldée par la remise d’une liste des diverses associations féminines de la commune. Celle-ci me facilitera la tâche dans les activités à venir.

Deuxième lieu d’arrêt : la bibliothèque. Optimiste suite à ma première démarche, j’envisageais déjà de pouvoir dénicher quelques lectures et documents intéressants. J’ai eu à redescendre sur terre assez brutalement. La terre appelle Marie! J’y ai trouvé l’équivalent d’une dizaine de rayons envahis par des romans ou par des contes pour enfants. Il est très crédible de citer comme source dans un document de formation « L’affaire tournesol » titre des aventures de Tintin héro chéri du Mali. Au suivant…

J’ai aussi été dans la commune de Zantiébougou dans le but de rencontrer une des dirigeantes d’une coopérative féminine de karité. J’ai tiré quelques informations de la discussion que nous avons eue, mais j’ai surtout eu confirmation de la conception que je commence à me faire sur les besoins des femmes. Le point fort de la visite fut en fait le tour du propriétaire auquel j’ai eu droit. Savez-vous comment faire le beurre ou la savon de karité? Je me suis couchée moins ignorante ce soir là!

Après plus de deux semaines à Bougouni, je devais être fidèle à mes racines de citadine et je suis partie en direction de Bamako. Arrivée à quelques kilomètres de la ville, je constate que toute la circulation est bloquée, que les routes sont inaccessibles et que le drapeau du Canada flotte côte à côte avec celui du Mali en plus de se trouver dans les mains et dans les cheveux des habitants. Heure critique; Mme la Gouverneure Générale du Canada débarque au pays. Immobilisée par le « flafla », j’imite le comportement de la majorité, je me rallie à la norme, je me flanque sur le bord de la route et je regarde défiler les voitures aux vitres teintées. En une minute tout fut terminé, je tourne le dos et me prépare à rentrer chez ma superviseure. Tant de mobilisation pour si peu!

Mon sac ne touche même pas le sol que j’apprends que nous nous rendons au musée national du Mali où il y a un spectacle de danse contemporaine. Hhhuummm. Danse contemporaine. J’ai absolument rien compris de la prestation. C’était une performance sans musique dans laquelle une femme se réveillait avec un sac de poubelle sur la tête pour ensuite faire ses premiers pas dans la société en adoptant la robe courte et les talons hauts pour finir par découvrir un objet si commun dans le monde, une chaise. Épatant. Les critiques furent unanimes : Seul les incompris peuvent y trouver le reflet fuyant de leur existence. Tout être humain normalement constitué s’abstenir.

Le lendemain, j’ai travaillé quelque peu à la maison afin de mettre la dernière touche à certains documents. Bien vite il fut le temps de partir en direction de l’ambassade du Canada, je devais prendre part à un cocktail en l’honneur de la Gouverneure Générale. Je fais généralement peu de cas de ce genre d’événement et je dirais que quand je peux m’abstenir, je m’abstiens. Je m’y rends donc en jupon de sari indien (sous-vêtement pour ce dernier peuple!) et coiffée d’un bandeau parce que les tresses faites par la secrétaire du bureau la veille, et qui me faisaient ressembler à une gamine de 14 ans, eurent pour effet de me donner une tête impossible à discipliner. Je constate qu’avec les années je ne m’améliore guère…n’ais-je pas rencontré le président du Pérou en coton ouaté! J’ai aperçu son excellence la très honorable Michaëlle Jean, mais mon attention était davantage retenue par la multitude de serveurs portant des plateaux emplis de petites bouchées savoureuses. Je les ai toutes goûtées sans exception! J’y ai fais la connaissance d’une autre coopérante de mon âge qui elle aussi préférait adopter la stratégie de retrait. C’est alors que nous avons été abordées par un jeune homme qui sympathisant chercha à savoir les raisons animant notre séjour au Mali. J’aurais mieux fait d’écouter les paroles sages de ma mère : « Marie, il ne faut jamais parler à un pur inconnu ». Il s’avéra être le conseiller jeunesse de Madame et comme celle-ci est très versée en ce qui touche de près ou de loin à la situation de la femme, il voulu nous la présenter personnellement. C’est ainsi que j’ai pu échanger quelques mots avec notre chère Gouverneure Générale en cette belle fin de journée malienne. Ensuite, j’ai pris une bière! À la vôtre Canada!

Mon séjour à Bamako était motivé par une rencontre avec la conseillère en genre et développement de SUCO-Mali. J’ai donc eu ses idées concernant le plan préliminaire de formation que j’avais programmé et j’ai également abordé les stratégies possibles pour le recensement des besoins de formation des femmes dans les villages. Ce qui avait été pensé initialement ne convenait pas, je leur ai tout changé ça de bord! Lors d’une rencontre à Sanankoroba deux jours plus tard avec mon coordonnateur plâtré depuis maintenant plus d’un mois, j’ai obtenu son approbation pour faire l’analyse plus approfondie de la stratégie que je propose. Il me reste maintenant à réunir les agents terrain et à faire la réflexion avec eux de manière à les amener à croire que c’est bien d’eux que l’idée émane. Ça ne sera pas facile…je fais toujours face à une absence de responsabilisation. Toutefois, il est essentiel qu’il s’approprie la démarche et ma méconnaissance du terrain nécessite leur collaboration pour accroître la pertinence de la stratégie dans ses détails.

Ma journée de congé, la seule et unique, fut consacrée à une foire. Les Allemands perpétuent à chaque année une tradition de leur pays en organisant un marché de Noël. Il y a différentes activités et beaucoup d’artisans viennent exposer leurs œuvres. J’ai donc flâné d’un kiosque à l’autre en riant des vendeurs un peu trop empressés. Le meilleure de cette journée fut le repas que j’y ai consommé : de la choucroute, des brochettes, de la moutarde de dijon et du pain! J’admets que les brochettes, bien que délicieuses, ne peuvent en aucun cas rivaliser avec les types de saucisses qui font partis de la nourriture traditionnelle en l’Europe de l’est, mais quand même ce fut à mes yeux un festin sentimental.

La semaine se termine…je rentre dans mon gros village. Bougouni.

Apprentissage du moment : Chez soi c’est où l’on accepte de vivre.

lundi, novembre 20, 2006

Semaine 5 : Brousse

Cricri et l’appel de la nature…

Les documents de 3 pouces d’épaisseur sont bien jolis rangés avec soin sur une étagère ou jetés pêle-mêle sur un coin de bureau. Pourtant tout ce beau papier noirci aussi bien rédigé soit-il ne permet pas de s’approprier complètement une programmation aussi étoffée que celle de SUCO. C’est pourquoi cette semaine, je l’ai consacrée à visiter le terrain.

L’atelier de la semaine portait sur l’étude de faisabilité du premier projet retenu par les villageois. Dans les cas à examiner, il s’agissait de matériels agricoles. Une journée entière fut consacrée à l’élaboration et à la bonification de la fiche technique de l’atelier. Les agents de terrain, responsables de villages définis, doivent s’assurer de bien maîtriser le contenu de l’animation afin que ce dernier soit le plus homogène possible. Le second jour, je suis partie avec toute l’équipe assistée à l’atelier pilote. Celui-ci est animé par un agent d’expérience et permet aux nouveaux de visualiser en temps réel l’application de la fiche technique d’une manière empirique. Les villageois nous avaient réservé tout un accueil : danse, musique et chants. Il a fallu que je démontre le plaisir que je ressentais à être parmi eux et pour se faire j’ai eu à me dandiner devant tous avec les femmes. Danse que je ne connaissais pas, mais dont je me suis sortie sans trop de mal selon l’opinion des spectateurs. Spectateurs présents au nombre de 200 et qui dans un atelier successif ira jusqu’à 400! Première qualité d’une coopérante en développement : être extravertie!

Comme les villages sont difficilement accessibles, le moyen de transport à privilégier est la moto. Nous intervenons dans la commune de Zantiébougou située près de Bougouni. La route principale est goudronnée, mais dès que nous pénétrons à l’intérieur des terres nous sommes en pleine brousse! Tellement qu’avec le soleil de plomb, le ciel bleu, le sable rouge et la végétation encore verdoyante, il ne manquerait plus que le roi de la jungle surgisse d’un bond sur le chemin et je serais définitivement partie prenante à un safari. Pendant la balade, la splendeur des champs de coton me coupe le souffle. Bien sûr, je ne conduis pas. Je me laisse conduire! Nous parcourons ainsi plusieurs kilomètres sur lesquels il n’y a pas âme d’un panneau indicateur. Les chemins se divisent comme autant d’affluents à un fleuve et je perds tout sens de l’orientation. Arrivée à bon port, c’est souvent avec quelques difficultés que je mets pieds à terre. Mon joli postérieur meurtri par les secousses me cri sa douleur et pour le soulager je ne peux que marcher un peu espérant que la beauté de la promenade engourdisse son mal.

J’ai donc observé le déroulement de trois ateliers animés dans trois villages différents et à chaque fois c’est une nouvelle découverte. Bien que la structure soit similaire, la présence du chef du village, celle des anciens, celle des jeunes, celles des femmes est plus ou moins forte selon l’endroit. Il y avait même un village où le porte-parole du chef ne cessait pas de se lever et de répondre incessamment à toutes affirmations faites par l’animateur. Ne serait-ce que pour dire : « oui ». Comportement qui m’a littéralement mis les nerfs à fleur de peau, je fulminais de l’envie de lui dire que si la parole est d’argent, le silence quant à lui est d’or! Ils fonctionnent bien par proverbes ici, non?!

Côté vie privée, ce que je n’ai pas, je ne relaxe pas beaucoup. Je me suis mise au jogging. Moi qui déteste courir sans avoir un but, je me suis faite une raison : ma fille tu cours ou tu te ramollis à rester assise à faire la causerie un thé à la main. Comme il fait encore chaud pendant la journée, j’attends généralement les 20h pour aller dépenser toute cette énergie emmagasinée à rester bien sage devant mon ordinateur. Je pars généralement avec un chandail à manches courtes alors que mon gardien préféré surnommé « Danger » grelotte dans son coton ouaté bien caché sous son capuchon. Il doit faire encore un minimum de 20 degrés!

Apprentissage du moment : Levez la tête vers les étoiles qui illuminent la noirceur de la nuit, portez votre regard sur le fruit trop mur qui pend à la branche d’un arbre, arrêtez devant les acrobaties d’un papillon et peut-être que vous pourrez dire que vous avez vécu quelques instants.

lundi, novembre 13, 2006

Semaine 4 : Commencement

Est-ce que le début va de pair avec l’arrivée?

Il est difficile d’affirmer ou d’infirmer cette question. Mon arrivée au Mali s’en est suivie par une seconde à Bamako et s’est soldée par une troisième à Bougouni. Ces dernières ne reflètent cependant que des destinations géographiques. Il y a eu mon arrivée dans l’équipe de SUCO-Mali, mon arrivée dans l’équipe de SUCO-Bougouni, mon arrivée dans la famille de la secrétaire où je prends pratiquement toujours mes repas sur l’heure du dîner, mon arrivée dans le cercle d’amis qui prennent le thé quotidiennement en face du bureau… En définitive, je suis arrivée non seulement à de nombreux endroits, mais également dans la vie de beaucoup de personnes. Paradoxalement, l’arrivée peut aussi se retrouver dans la finalité des actions. Je suis arrivée à m’orienter dans la ville, je suis arrivée à prendre le car pour rentrer chez moi, je suis arrivée à créer quelques liens… Ma perception est que pendant les trois dernières semaines, je suis arrivée de nombreuses fois et cela dans une multitude de contextes, mais que ce n’est que cette semaine que j’ai fait mes débuts. J’étais arrivée à Bougouni sans débuter mon travail autant que j’étais arrivée dans le « cercle de thé » sans débuter à fréquenter ses membres. Les débuts représentent à mes yeux les indicateurs d’une première phase d’adaptation. Voyons ce qu’ils révèlent à mon endroit…

Côté boulot, un des résultats que je dois réaliser dans mon mandat consiste à animer une formation en genre et développement s’adressant aux agents de Bougouni nouvellement intégrer dans la démarche de l’organisation. J’ai donc terminé le recensement des besoins lors d’une rencontre formelle avec l’équipe et j’ai commencé à planifier les deux premiers jours de la formation en tant que telle. Celle-ci aura probablement lieu au mois de janvier, ce qui me laisse amplement le temps de me préparer adéquatement. N’oublions pas que ce n’est qu’un seul résultat parmi d’autres…mon horaire est donc bien chargé. J’ai même eu une réunion avec une coopérative de femmes dimanche dernier neuf heures tapant!

Bien que le travail garde l’esprit occupé et chasse l’ennui, je ne suis pas au Mali pour m’enfermer entre quatre murs pendant six mois. Il serait certes possible de le faire et même probablement plus facile d’adopter une telle attitude, mais ce comportement ne correspond pas du tout à ma grande curiosité de découvrir la vie! J’ai donc commencé à créer des liens avec les jeunes du quartier dans lequel j’habite. Surprise! Bougouni est assez grand pour être divisé en plusieurs quartiers! Je me suis particulièrement liée à un jeune homme qui est parfois secrétaire dans les ateliers animés par les agents. Tout le monde le connaît bien et je suis en mesure de lui faire pleinement confiance. Il me fait donc visité la ville le soir et comme il parle un français excellent, il est aisé de tenir des conversations variées. Bon, ma grande jasette le transforme davantage en une oreille attentive, mais en tant qu’homme il a bien son mot à dire de temps en temps!

J’ai donc visité une boîte de nuit! Malheureusement le concept de ce type d’endroit s’éloigne des repères qui sont les miens. La formule est que les jeunes doivent louer l’endroit et organiser une soirée par eux-mêmes. Quelle est la date du prochain party? Le 2 décembre prochain! Je m’y promets d’y être, comme je dois respecter les convenances, j’ai déjà un cavalier! Le patron de l’endroit étant l’un des oncles de quelqu’un qui connaît quelqu’un qui est le cousin du frère de celui qui est assis sous l’arbre là-bas…il a demandé à une employée de me faire une petite démonstration de danse lors de ma visite ce qui m’a donné le goût de m’y mettre moi aussi.

En plus en fin de semaine, il y avait un spectacle du groupe « les deux harmonies ». C’est un spectacle dit de chasseurs. Je m’y suis rendue avec quelques copains et par chance que je n’y étais pas seule parce que je n’aurais absolument rien compris! Il s’agit de réels chasseurs en habits de peaux d’animaux qui font des louanges et quelques danses. C’est plutôt monotone comme événement. Pourtant la majorité de l’assistance puise la force de demeurer présent jusqu’à l’heure de clôture, c’est-à-dire 3h du matin!

Vous remarquez que j’utilise beaucoup le masculin lorsque je désigne les personnes que je fréquente, et cela pour une raison bien précise : ce ne sont que des garçons. Ceux qui me connaissent bien s’étonneront plus ou moins d’une telle affirmation, mais replaçons-la dans un contexte malien. Les jeunes filles ici se marient généralement au début de la vingtaine avec un garçon souvent plus vieux de quelques années. Ayant obtenu le statut de femmes mariées celles-ci acquièrent une nouvelle notoriété, mais également de nouvelles responsabilités et devoirs. Elles ne sortent donc plus! Je me rabats sur les hommes faute de mieux (!), mais tout en clamant haut et fort que je suis mariée, en montrant des photos de Stéphane et moi à tous, même à ceux qui sont désintéressés, et en lui vantant mille et une qualités qui me font autant de petits soldats protégeant ma vertu.

Apprentissage du moment : Il ne sert à rien de courir, il faut savoir partir à point.

lundi, novembre 06, 2006

Semaine 3 : Sagesse

Une année de plus inscrite à mon carnet de bord

Encore étrangère à mon milieu, j'apprends à découvrir tous les jours une facette de celui-ci. C’est ainsi que le matin, je prends plaisir à aller acheter ma miche de pain frais à une dame qui à ma vue me lance souriante : « I ni sogoma Samaké! Que veux-tu? » Et moi de lui répliquer avec mon accent qui suscite la rigolade : « nbuuru ». C’est échange de quelques mots est garant d’une bonne journée et c’est toujours avec bonheur que je consacre cinq minutes matinales à ma voisine moqueuse.

C’est officiellement que j’entrai en poste en ce lundi matin. J’avais hâte de me mettre à l’ouvrage! J’ai travaillé trois jours principalement à la recherche, à la lecture et au tri de documents pouvant m’éclairer davantage sur le concept populaire de « genre ». Concept au cœur de mon mandat de conseillère sur le volet 300 (toujours la gestion axée sur les résultats) de SUCO. Mon patron, coordonnateur de l’équipe de Bougouni, ne fut présent qu’une seule journée depuis mon arrivée : il a malheureusement fait un accident de moto. Il faut bien rendre véritable les statistiques! Conséquence de cette mésaventure : une jambe fracturée au niveau du genou. Cet état, ici, signifie qu’il doit résider à proximité de Bamako pour le prochain mois. Lisez entre les lignes : il ne sera pas au bureau! Quand le chat n’est pas là, les souris dansent…et de ce fait j’ai eu quelques difficultés à consulter l’équipe comme planifiée. Quoi qu’il en soit je parviendrai bien à mes fins!

Mes soirées furent occupées par les match de foot à la TV, match imposés par les gardiens fous amoureux du ballon blanc et noir. J’avoue avoir vraiment apprécié la performance fougueuse de Barcelone! Ces parties précédées par une émission quotidienne semblable à notre « Virginie » me permirent également de découvrir toute l’étendue dramatique des séries africaines. Prenez « Les feux de l’amour », « Aimer », ou encore « Top modèles » et multipliez la notion de « soap » par 10 pour obtenir la recette gagnante d’une émission populaire. Ha chéri, j’aime ton frère qui lui ne sort qu’avec ta meilleure amie pour son argent et je ne suis qu’une secrétaire qui a toujours désiré être actrice…pauvre de moi, je me meure!

Pendant ces premiers jours, une douleur buccale se fit présente. Je suis donc partie jeudi vers la Capitale en visite chez les dentistes maliens. Après trois heures de car étouffée par la chaleur poussiéreuse, j’atterris dans un premier cabinet : La Sagesse. Je rencontrai l’incompétence au coût de 25$ canadien ce qui m’amènera à patienter deux bonnes heures le lendemain dans une seconde salle d’attente bondée. Cette fois, ce fut concluant comme rencontre. Il y a cependant un aspect qui me sidère : les patients entrent et sortent dans la salle de consultation comme dans un moulin. Par exemple, on me fit entrer en même temps qu’une autre personne et nous en avons trouvé une troisième étendue sur la seule chaise d’examen. Ne soyez donc pas gênés d’expliquer votre problème à tout un public et j’espère que la pudeur ne fait pas non plus partie de votre vocabulaire. Vive le sens de la collectivité! Mon problème provient de l’unique dent de sagesse qu’il me reste, et je vous dirai la semaine prochaine ce qui en advient.

Moralement, le reste de la fin de semaine fut ponctué de haut et de bas. Je reprends doucement le dessus. J’ai passé ma meilleure soirée depuis mon arrivée samedi dernier alors que je célébrais mon anniversaire ainsi que celui de ma superviseure née quelques jours après moi, mais à des années de distance! Deux scorpions! J’ai eu l’occasion de jaser à cœur joie, de me délecter d’un mouton entier (quand même pas à moi seule) et de souffler sur les bougies d’un gâteau au chocolat glacé de fudge. J’étais loin de mon riz quotidien! La soirée se termina à la maison vers les 4 heures du matin, mais la plupart des gens sont ensuite sortis dans les bars jusqu’aux alentours de 6h30. Fatiguée de tout le stress vécu dans les derniers jours, j’ai opté pour mon lit. Sans parler que nous étions sortis la veille dans un pub. Je me fais traiter de mégère! Ce n’est pas facile le rythme africain!

Apprentissage du moment : La « sagesse » vient bel et bien avec l’âge!