Semaine 15 : Formation
Dring! À peine la première sonnerie amorcée, mon cadran fut forcé de se taire suite à un geste vif de ma part. J’étais déjà bien réveillée et je repassais en boucles constantes les préparatifs à faire avant les neuf heures. Alerte, je me préparai en moins de temps qu’il en faut à d’autres pour seulement s’extirper de leur sommeil et j’ouvrai mes cahiers de formation fraîchement sortis de l’imprimerie. Le moment attendu depuis trois mois était celui-ci; les trois journées de formation en genre et développement.
J’avais déjà animé des formations et cela dans des conditions encore plus précaires, mais je crois que personne ne peut vraiment s’y habituer. La confiance en soi s’installe et par extension le stress ressenti diminue, mais chaque animation est différente de la précédente et les adaptations proviennent d’exigences également divergentes. J’étais prête à me livrer à la discussion. D’ailleurs n’est-ce pas l’une des actions que je fais le mieux?!
J’ai été déçue que le coordonnateur du bureau soit absent lors de ces trois jours. Il a été retenu par ses études à Bamako. Raison valable ou non, son absence marquée depuis mon arrivée ne fait que se prolonger. En plus de trois mois, je me demande si j’ai eu l’occasion de travailler à ses côtés plus de trois semaines. Ma superviseure qui tenait à être à mes côtés lors de ces journées a toutefois su m’apporter le soutien dont je pouvais manifester le besoin.
Ce fut trois jours intensifs de travail. L’horaire des formations était très serré. Nous nous mettions à l’ouvrage de 9h à 17h sans pratiquement souffler et de mon côté les journées se prolongeaient le soir en préparation et le matin en révision. Au terme de la formation, je me suis sentie libérée et très satisfaite du résultat. En fait, il s’agissait d’une première pour l’organisme. La conseillère en GED de SUCO basée à Bamako a à plusieurs reprises suivie des formations dans ce domaine, mais elle n’a jamais elle-même animé un atelier quel qu’il soit. Jusqu’ici elle avait toujours fait appel à des consultants externes. Étant une main d’œuvre à mettre à l'essai, on m’a lancé le défi et cela malgré les doutes de la direction. Je peux être fière de ce que j’ai réalisé!
Les discussions et les ateliers ont été des plus intéressants et ils m’ont également permis d’en apprendre davantage sur la culture du Mali. J’ai particulièrement aimé un débat sur l’égalité et l’équité. Devrions-nous prioriser l’égalité des chances ou l’équité de l’impact? Question qui laisse place à la réflexion! Et vous, qu’en pensez-vous? Je pense avoir réussi à combler les besoins de l’équipe terrain qui résultaient à s’initier au concept de l’approche genre et développement.
Le jeudi, jour de repos pour les agents, ma superviseure et moi nous sommes mises au boulot. Nous avons revu une à une les différentes thématiques et nous avons échangé sur les bonifications à apporter aux documents et aux ateliers. J’ai d’ailleurs reçu ses félicitations, elle s’est dite très satisfaite de l’issu de la formation. J’ai également préparé et remis un document évaluatif aux participants afin de recueillir leurs impressions et leurs commentaires. J’apporterai ensuite les modifications nécessaires et probablement que j’étendrai à quatre jours la durée de cette formation. À qui le suivant?
Nous avons également pris un temps considérable afin de faire une évaluation mi-parcours quant à mon travail. Déjà la moitié de terminée! J’ai ainsi pu lui communiquer tant mes frustrations que mes moments forts lors d’un échange libre et ouvert. La partie la moins intéressante viendra la semaine prochaine avec la rédaction du rapport que je dois lui remettre suite à cette rencontre!
Le vendredi j’ai repris les marqueurs et le flip chart; restitution de l’atelier sur les besoins de formation des femmes aux agents. Je devais leur faire bien comprendre l’essence de cet atelier qui sera dirigé la semaine prochaine ainsi que leur rappeler la stratégie qui le soutien. Souvenez-vous du groupe focalisé. La tâche la plus fastidieuse consiste en la traduction de la fiche technique de l’atelier du français au Bambara. Les agents peuvent s’obstiner longtemps sur les mots, croyez-moi! Par exemple, vous serez d’accord avec moi qu’il y a une différence de sens entre les mots « difficulté » et « problème ». Par contre, que l’on traduise par l’un ou l’autre terme les réponses amenées seront les mêmes. Au terme suivant!
Ce fut une fin de semaine bien méritée qui passa un peu trop rapidement à mon goût. J’en ai profité pour aller marcher à travers Bougouni. Je me suis d’ailleurs rendue au marché où j’ai retrouvé mon homonyme, Yaye, en train de vendre son poisson fumé comme à son habitude. J’en ai profité pour m’asseoir un peu à l’ombre et aider les femmes à écailler les arachides. Je ne suis pas restée seule au bureau bien longtemps : ma superviseure étant partie le vendredi en milieu d’après-midi et une mission arrivant le dimanche en journée, le compte fait moins de 48 heures!
Apprentissage du moment : Je grandis.