jeudi, mai 31, 2007

Conclusion

Les moyens de la fin
« L’éveil de conscience » des populations à la base devient le moteur d’action, la pierre angulaire de la réflexion d’organismes gravitant dans le domaine du développement international. L’énergie est investie et concentrée auprès de communautés démunies. Bourgeons fragiles dans ce désert de ressources, leur éclosion présente une phase prioritaire. Les mains blanches et noires se mélangent dans une harmonie conflictuelle afin de cultiver ensemble ce jardin d’espérance. Exposés, transfert de connaissances, renforcement des capacités sont autant d’engrais qui servent à enrichir le sol aride. Ces gens appuyés ne vivent-ils pas principalement des produits de la terre?

Il y a ce besoin incessant d’atteindre des résultats vérifiables. Un temps inestimable est englouti par la rédaction de rapports servant de compte-rendu diluant la teneur des efforts faits à même le terrain. Tout est chiffré, tout est quantifié, tout est prévu, mais l’erreur n’est-elle pas « humaine »? Les ONG ne travaillent-elles pas dans le domaine de l’action « humanitaire »? Pourtant, l’erreur n’a pas sa place dans les budgets ni dans les soumissions de projets. Les initiatives hors des cadres de rendement sont étouffées ou ignorées.

À force de patience et d’investissement, certains résultats sont atteints. Cependant, des réalités tel que l’exode des jeunes vers les centres urbains persistent à faire l’actualité. Ceux-ci fuient leurs racines, qu’ils ne jugent plus fécondes, vers des horizons perçus meilleurs. En suivant leurs pas, un constat se crée : des centaines de jeunes possédant une éducation pouvant même égaler un niveau universitaire emploient leurs bras à transporter de menus objets dont ils espèrent tirer un bon prix au marché. Les taux de chômage mirobolants ne leur laissent aucune fissure à travers laquelle ils pourraient se glisser aussi maigres peuvent-ils être.

Les politiques de développement poursuivent des buts nobles : diminution de la pauvreté, accès à l’éducation…etc. Pour ce faire, chacun est d’avis qu’il est essentiel de collaborer avec les bas échelons des sociétés. Toutefois, un village reculé et enclaver dans sa brousse natale est-il préférable à des jeunes éduqués démontrant une volonté de progrès? Vers qui doit se diriger les efforts? Si suite à quarante ans d’appui auprès d’une communauté, celle-ci n’est toujours pas apte à reprendre les rênes de son autonomie où est le développement local réel?

L’impact des organismes est alors questionnable. Les moyens mis de l’avant par ces derniers sont certes respectables, mais quelle valeur comptabilisable ont-ils si la boucle de leur démarche ne s’ouvre pas? L’entreprise privée conserve ses visées de profitabilité tout en étant de plus en plus encrée dans un agir sociétal. L’implantation d’une filiale dans un pays dit en voie de développement permet l’embauche d’une main-d’œuvre locale qualifiée qui sera aussi formée au fur des années. Est-il envisageable de considérer ces faits comme étant du développement? Certes l’indépendance économique des employés dépend d’une source externe à eux-mêmes ce qui s’oppose à l’idée d’une prise en charge individuelle complète. Est-ce si déplorable de ne pas suer pour son propre compte? Il est pourtant aisé de remarquer dans les pays industrialisés la minorité de citoyens correspondant à la catégorie des « travailleurs autonomes ».

D’un autre côté il est aussi vrai que l’éducation à plusieurs niveaux est primordiale et s’avère être profitable; alphabétisation, santé, environnement…etc. Certaines ressources endogènes émergent au travers des populations partenaires. La mise en place de structures organisationnelles telles que des coopératives ou des associations engendre également des retombées positives. L’engagement auprès des populations villageoises n’est donc pas complètement infructueux. Les organismes non-gouvernementaux ont un rôle à jouer qu’aucun autre acteur ne pourra remplacer. Il s’agit peut-être de redéfinir quelque peu leur cadre d’intervention afin qu’ils se déploient dans des secteurs où leur contribution est véritablement mise à profit.

Dans des pays où les cultures prennent une part si importante des activités. C’est du maïs qu’il est important de semer car des fleurs ne serviraient qu’à enjoliver voire fausser la projection de l image.
Apprentissage du séjour: Une aide aidante?

Semaines 21-26: Souvenirs

Il était une fois...
La vitesse fulgurante à laquelle se déroulèrent mes dernières semaines m’empêcha de compléter entièrement mon récit. La journée internationale de la femme, le 8 mars dernier, m’emporta dans un tourbillon d’organisation de dernière minute et l’arrivée de Stéphane à la mi-mars accapara bien volontairement toute mon attention. Un voyage de cinq semaines à travers le Mali m’amena du pays Dogon à Tombouctou cette fameuse ville des 333 saints.

Aujourd’hui de retour au pays, l’arrivée est quelque peu brutale. Je reprends doucement possession de mon environnement québécois et je garde en tête toute la chaleur que m’a procuré la terre africaine. J’espère vous la faire ressentir à travers ces quelques photos qui relatent grossièrement mes dernières aventures.





Les femmes du bureau de SUCO Bougouni toutes vêtues des tissus violet et blanc célébrant la journée internationale de la femme. Soyons fières mesdames !














Dans l’est du pays se situe la région nommée « Pays Dogon ». Une visite de quelques jours au travers des villages bordant et surplombant la falaise nous amène à découvrir leur architecture particulière. Notez les portes (et les serrures), les cannes ainsi que les escaliers. Ce fut un réel plaisir de dormir sur les toits et de se réveiller au chant du coq!











La falaise d’une hauteur de 600 mètres abritait anciennement un peuple appelé « Tellem ». Ce dernier demeurait à même la paroi rocheuse dans de petites habitations faites de banco (mud-brick structure). De nouveaux villages furent construits un peu plus bas dans la plaine seulement vers les années 1970.












La chaleur de la saison chaude commence à se faire sentir…rien de mieux qu’une baignade dans le Niger. Certes, ce n’est pas ce qu’il y a de plus hygiénique, mais c’est certainement ce qu’il y a de plus rafraîchissant! Quelques jours à se balader en pirogue et à visiter les villages de Bozo (pêcheurs) et de poterie nous permettent de reprendre nos forces pour affronter le périlleux voyage jusqu’à Tombouctou.

Le désert du Sahara! Oulala…il grouille de scarabées (avez-vous déjà dormi en plein air chatouillé par des insectes gros comme des 2$?!) et de fourmis argentées. Cependant des bagarres amicales dans le sable fin et les cris amusants et apeurant de mon dromadaire valent absolument les désagréments.

Un arrêt indispensable s’impose : la Grande Mosquée de Djenné. Il s’agit de la plus grande mosquée au monde faite de banco. Une fois l’an, les gens se rassemblent obligatoirement afin d’en faire le crépissage. Nous voici à la fin des travaux (d’une durée de 24 heures) assistant aux dernières retouchent et aux enfants crottés de la tête aux pieds.

Le dernier souper. Retournée à Bougouni, j’y fais mes adieux entourée de ceux et celles qui ont fait de mon séjour au Mali un souvenir à chérir. J’y ai organisé un souper ainsi qu’une petite soirée, la dernière. Un moment suspendu, parfait.