vendredi, mars 09, 2007

Semaine 20 : Éclipse

Une semaine à Bamako

Il y a des petits plaisirs qui par manque d’installations me sont constamment refusés à Bougouni. Notamment celui de faire de la « popotte »! Je ne suis pas une cuisinière chevronnée, mais je puise une certaine satisfaction à mitonner de bons petits plats. Au bureau, je n’ai à ma disposition qu’un réchaud à gaz situé dans le fond du couloir. Je trouve peu de motivation à enfiler un tablier. C’est pourquoi en ce début de semaine bamakoise, j’ai décidé de tirer pleinement profit de la cuisine de mon patron chez laquelle je loge. De plus, loin de moi la simple idée de réussir une recette malienne, j’avais le goût de québécois. Je me suis donc conformée au fameux « steak, blé d’inde, patates » ! Qui veut du pâté chinois?! Le tout arrosé de ketchup! J’en ai d’ailleurs fait suffisamment pour me nourrir ainsi que ma logeuse pendant toute la semaine. Je ne pensais pas pouvoir tenir de tels propos en étant en Afrique, mais j’en ai eu marre d’en manger!

Je suis également retournée au marché, celui même où je me suis faite volée, avec la simple intention d’accompagner une autre coopérante dans ses courses. Intention qui n’a su durer qu’un laps de temps : je me suis retrouvée en train de négocier des tissus. D’ailleurs, j’ai même fait un très bon achat chez un marchant qui n’avait pas vendu de la journée et qui désirait sortir danser le soir même en ville. Celui qui a de l’argent dans ses poches est toujours celui qui est en position de force! Après les achats, direction le tailleur. Je me suis donc faite coudre deux vêtements sur mesure dans des tissus nationaux. Par contre, je d’adhère pas tout à fait aux coupes maliennes…le boubou et moi ne faisons pas très bon ménage.

Il y eu aussi l’éclipse lunaire pour laquelle j’ai tourné mon regard vers le ciel pendant un gros deux minutes. Toutefois, les enfants y trouvaient beaucoup plus de plaisir que moi. Dans les rues, ils étaient regroupés sous les porches des maisons et ils dansaient dans un but de célébration. Je n’ai donc pas vu de danses de la pluie, mais j’ai pu observé une danse beaucoup plus rare; celle de l’éclipse!

Côté boulot, j’ai été dans la rédaction de mon plan de formation et de mon plan d’action. J’ai alterné le travail à la maison et celui au bureau tout dépendant quel lieu m’inspirait le plus sur le moment.

Apprentissage du moment : Heureux celui qui a le ventre plein

vendredi, mars 02, 2007

Semaine 19 : Vol

Servez-vous…

Il est bien vrai que la fatigue se fait sentir dès le moment où nous commençons à nous reposer. En début de semaine, j’étais encore dans mon besoin excessif de sommeil. Non seulement je dormais des nuits complètes, mais je faisais la sieste en fin d’après-midi. Mon lit était un élément irrésistible contre lequel je n’essayais même pas de lutter. Pourquoi s’épuiser à mener un combat perdu à l’avance?

J’ai passé la semaine la plus tranquille depuis mon arrivée au Mali. Pendant la journée, je travaillais quelque peu tout en prenant le temps de discuter avec les gens et de faire quelques commissions. J’en ai profité pour aller manger chez l’adjointe administrative qui fait sans aucun doute le meilleur riz sauce à l’arachide de toute la ville. Nous avons visionné également un film, dont je ne connais pas le titre, mais qui raconte une histoire fictive à propos de gargouilles vivantes qui ont comme objectif de décimer l’humanité. Du grand cinéma! J’ai été au marché m’acheter le parfait kit à thé parce que bien que je n’ai nullement l’intention de faire le thé à la façon malienne au Canada, je ne pouvais passer à côté de cet achat : les Maliens passent leur journée à préparer le thé! Je me suis également abrutie deux soirs devant le petit écran à regarder des joueurs se chamailler pour un ballon. Il s’agit bien sûr de la « ligue des champions » qui est un événement pour lequel il est formellement interdit de s’absenter. De toute façon le niveau de volume de la télévision me permettait de suivre les match jusqu’à l’intérieur de ma chambre avec bouchons en prime dans les oreilles. À ce prix vaut mieux prendre une chaise et regarder le spectacle!

Par contre, à l’extérieur de mon nid, Bougouni était fortement agité. Les vols de motos ont connu une hausse assez rapide. D’ailleurs l’un de mes amis en a fais les frais. Avertis de vols chez des voisins dans les derniers jours, certains de mes copains qui habitent ensemble dans une maison ont pris leurs précautions : barrer les portes, laisser la lumière allumée, mettre les alarmes sur les motos… seulement tout cela c’est avéré inefficace. Pendant leur sommeil, des voleurs ont coupé les portes métalliques de l’entrée pour pouvoir les déverrouiller, ils ont pénétré dans la maison et se sont emparés d’une des motos situées dans le corridor entre les chambres. Ils ont même pénétré dans une chambre où ils ont volé le portable et le portefeuille de l’occupant. C’est dire que personne ne s’est rendu compte de leur présence. Le plus aberrant c’est que mon ami et sa copine dormait dans la chambre au moment même où les voleurs lui ont rendu leur visite. Il s’agit certes d’un réseau de voleurs professionnels très bien informés, mais les populations soupçonnent l’utilisation de gaz quelconques pour endormir les occupants des maisons où ils entrent par infraction. Il faut dire que jamais personne ne se réveille…

J’ai pris le car samedi en direction de Bamako où je dois passer la semaine à travailler au bureau administratif. Le dimanche animée d’un désir de dépenser, je me suis rendue au marché afin d’acquérir quelques petits souvenirs et cadeaux. Malheureusement, j’ai du mettre rapidement un frein à cet élan dépensier. Je me suis faite voler mon portefeuille! J’étais à peine arriver et je discutais/négociais avec un marchant quand j’ai senti quelqu’un jouer après mon sac placé entre le kiosque et moi. J’ai immédiatement mis la main par réflexe et j’ai attrapé le gars, mais je me suis faite immédiatement bousculée par derrière ainsi que par celui qui tentait de me voler. J’ai donc dû le lâcher et en moins de deux secondes ils avaient disparus de ma vue emportant avec eux tout mon argent et mes cartes. Le marchant alors de me rétorquer : « Mais il faut crier! » et son assistant de remarquer : « C’est vraiment bête, maintenant elle ne peut même plus acheter! ». C’est ce que j’appelle de l’aide et un soutien moral exemplaire! Ils sont peut-être même organisés avec les voleurs, qui sait?! J’ai ainsi perdu un peu plus de 100$ canadien. Je ne me promène jamais avec de grandes sommes, mais je savais ce que je venais acheter et je comptais bien à peu près tout dépenser. Mes amis vous devrez comprendre que je n’aurai possiblement point de souvenirs à vous offrir!

Après cet événement, j’avais le moral bas. Il m’a été dit par la suite que certains se font voler directement dans leurs poches de pantalons et qu’ils n’en prennent aucunement conscience. Encourageant! Je ne pense donc pas retourner dans ce genre d’endroit seule ou bien si c’est le cas, je ne traînerai pas de grosses sommes d’argent sur moi. À mon tour de faire les frais du Mali!

Apprentissage du moment : Voleur est un métier.