dimanche, août 27, 2006

Semaine 9: Virus au carrée

1 c’est bien mais 2 c’est mieux!

La semaine a débuté sous de mauvais augures. En plus du virus qui affecte les enfants, l’ordinateur de l’école ne voulant pas demeurer en reste, et se sentant délaissé, a décidé lui aussi d’être malade : 226 fichiers infectés par un trojan. La chaîne a commencé par un volontaire qui a attrapé celui-ci sur sa clé USB dans un cyber café en ville. Insouciant, il a utilisé sa clé sur son ordinateur ainsi que sur celui de Géraldine (une autre volontaire) à partir duquel certains fichiers furent transférés sur ma propre clé qui, elle, fut introduite dans l’ordinateur qui me sert de principal outil de travail. Les anti-virus n’étant pas à jour, rien n’a pu être détecté. Le temps de s’apercevoir que les fichiers se multipliaient, d’une simple clé affectée nous avons atteint un état épidémique. En tant que première utilisatrice du dinosaure, il était de mon ressort de trouver un remède. C’est un ami d’Avinash (le comptable de la KSV) qui m’a prêté le CD récent d’un anti-virus. J’ai passé une semaine à en faire l’installation et à lui faire scanner le disque dur en entier. C’est d’une lenteur! Je me souvenais alors qu’envers et contre tout c’est la tortue qui gagne la course contre le lapin, et je reprenais courage. Bien que je ne sois pas une professionnelle en informatique, je pense avoir réussi à éliminer l’indésirable. Croisons les doigts!

En ce qui concerne les enfants, nous en avons eu jusqu’à 15 dans la ‘bobo house’. La tâche étant trop lourde pour une seule personne dont les paupières aspirent à se refermer, il nous fallait être deux pour veiller sur eux. Les heures de sommeil furent une fois de plus raccourcies. Trouvant la situation quelque peu critique, certains d’entre-nous ont exercé des pressions sur les managers afin que les enfants soient examinés par un professionnel. Je ne sais bien pas qui a fait pression?! Je les ai pratiquement traîné de force à l’infirmerie! Un médecin est donc venu jusqu’à l’école s’enquérir de leur état de santé. À mon avis, il aurait aussi bien pu être ingénieur en mécanique, pilote d’avion ou éboueur. L’incompétence de certains médecins est décidemment un phénomène planétaire! Quoiqu’il en soit, les médicaments administrés semblent avoir un effet positif. Croisons les doigts une deuxième fois!

Suite à toutes ces infections, j’ai eu mon dimanche après-midi de congé. Yahoo! Et pour me faire plaisir, le soleil a remporté sa bataille contre la pluie. J’ai donc été me promener aux alentours de l’école. J’ai passé un long moment dans la forêt de bambous. Le son que les arbres font lorsqu’ils sont bercés par le vent est très impressionnant. C’est une musique naturelle, un peu plaintive, qui accroche l’oreille et l’oblige à écouter la mélodie jusqu’à ce que l’ultime note ait vibrée. J’ai aussi fait la connaissance d’une multitude de termites et de leur habitat. Ce dernier étant un amoncellement de terre presque aussi grand que moi! Ils ont du mettre des année à construire une telle demeure!

Mes prières furent exaucées : le soleil d’une journée est devenu un ami fidèle. La température est idyllique! Le soir, je me couche sur le dos et les yeux captivés par le ciel, j’observe les étoiles. Il y en a tellement que la nuit semble avoir attrapée la picote! Ce sont des moments calmes propices aux discussions libertines entre volontaires.

Avec la température clémente, la boue redevient terre et il nous ait possible de faire s’ébrouer les enfants à l’extérieur. Il leur faut dépenser l’énergie emmagasinée depuis les deux derniers mois. Aujourd’hui, j’ai joué une partie de mouchoir avec les plus jeunes. Ce fut un réel plaisir. Je me demande qui avait le plus de fun : eux ou moi! Vous devinez que l’électricité me fait encore défaut… Mais c’est lors de ces instants de pur bonheur que je regrette de devoir partir dans peu de temps.

Le boulot a été mis de côté une fois de plus. J’ai quand même pris une journée en ville pour envoyer un dernier rappel personnalisé et une autre pour cumuler les résultats. Le taux de réponse atteint 39%! Ce n’est pas génial, mais ça donne quand même une idée des tendances. J’ai demandé aux boss de Québec s’ils veulent que je poursuive mes investigations au moyen du logiciel Skype. De cette façon, je pourrais rejoindre directement les volontaires ciblés, mettre à jour la base de données et possiblement atteindre un seuil de réponses significatif. Bien que cette méthode soit peu dispendieuse, il n’en demeure pas moins que ce sont des frais qui seront peut-être jugés non prioritaires. Dans la négative, je commence bientôt une brève analyse.

Apprentissage du moment : Après la pluie vient le beau temps!

lundi, août 21, 2006

Mysore en images

Jour 1 : Jeanne et moi a dos d'elephant autour du palais du Maharaja ! Ce fut une courte balade, mais il faut savoir en apprecier chaque instant. La tour au sommet n'est pas en or pur...je sais je defais toutes vos illusions. Toutefois, la croix qui est tout au bout vaut son pesant d'or elle !

Une des vues du palais. Regarder le ciel...il y a des coins bleu! J'avais pratiquement oublie comment il pouvait prendre une telle teinte.

Alors le palais met en evidence trois types d'architectures qui sont reliees a differentes religions: l'Hindouisme, le christianisme et les musulmans. A l'interieur aussi nous retrouvons cette particularite. Ceci n'est pas la palais original, ce dernier etant en bois et ayant flambe il y a de ca plusieurs annees.

Jour 2 : Le second palais ! Celui qui est aujourd'hui une galerie d'art et egalement un auditorium. A cote de celui-ci, nous retrouvons une multitude de petits kiosques qui cherchent a te vendre des reproductions des peintures exposees a l'interieur. J'ai embarque dans le jeu ! J'en ai achete une. Il s'agit d'une toile sur l'espoir. Elle m'avait frappe lors de ma visite.

Jour 3: La journee de Tipu ! Alors voici le mausolee. Dites-vous que les tombeaux d'un roi, de son pere et de son fils se trouvent a l'interieur. Il est reellement d'un blanc eclatant et au soleil, j'etais presque aveuglee par tant de luminosite.
La seconde batisse plus a droite sur la photo est reservee a la priere pour les musulmans. Je n'avais donc bien sur pas le droit d'y mettre un orteil !


Jour 4 : La reserve naturelle. Je suis tombee sous le charme. Moi aussi je t'aime M. Paon. Et ca me rappelle pour les amoureux de la poesie une des fables de la Fontaine : Le paon se plaignant a Junon. De memoire...toi que l'on voit porter a l'encolure de ton col un arc-en-ciel nue de cent sortes de soie qui te panache, qui te deploie une si riche queue...bon ca doit etre ressemblant..moi je ne peux etre que d'accord avec cette description et j'ajouterais que le paon a raison de se plaindre de son chant parce que comme le dit la fable, il est loin d'etre aussi doux et eclatant que celui du rossignol !


L'ile au papillon. L'espace de quelques minutes je me suis retrouvee seule avec cet insecte charmant. N'est-il pas magnifique?















Jour 5: Le repos ! La preuve que j'ai ete au marche...je tiens a vous montrer une des vitames raportees de cette peripetie: un ananas ! Que j'ai d'ailleurs mange en entier avec une immense joie. Miam, miam, miam !

Ma chambre etait toute simple, mais tres propre et confortable. Et remarquer : un LIT !!! Fantastique !

Semaine 8 : Retour à la réalité

Et les vacances continuent…

Après musées, temples et palais, j’ai décidé que j’avais atteint mon quota de culture historique et religieuse. Pour ma quatrième journée, j’ai eu envie de découvrir l’environnement, plus spécifiquement la faune et la flore. Ma matinée fut occupée par la visite d’une réserve naturelle parfaite pour tout ornithologue en herbe. J’ai pu observer quantité d’oiseaux dans leur habitat tout en me baladant sans avoir en arrière fond le bourdonnement des voitures ainsi que le son strident des klaxons. Cette fois-ci ce n’est pas l’homme, mais l’oiseau qui m’a fait du charme : M.Paon est venu me barrer la route afin de se pavaner et de se faire admirer, la queue en éventail, certain de son pouvoir de séduction. Il y avait également de nombreuses espèces de papillons. Ces derniers loin d’être farouches virevoltaient autour de moi colorant le paysage déjà enchanteur. La journée se poursuivie avec une visite au zoo! J’étais bien curieuse de savoir quels types d’animaux peuplent les zoo indiens. Ma conclusion : ajouter quelques éléphants et ils sont plutôt similaires à ceux que nous connaissons.

Mon dernier jour fut exclusivement réservé à mon moi-même. J’ai fait la grasse matinée, j’ai passé un bon deux heures dans un restaurant, j’ai lu et j’ai commencé un ‘jet brouillon d’idées’ pour mon rapport de stage. Vous avez bien lu : mon rapport de stage! Je sais que j’étais en vacances, mais à l’école le temps me manque… Et une fois de plus; Chout! Chout! Une autre nuit à bord du Mysore-Dharwad Express.

Cauchemar

Vidée. Brûlée. Frustrée. Exténuée. J’en ai ma claque! De retour à Kalkeri, je suis attendue de pieds fermes. Le nombre de malades a augmenté pendant mon absence. La ‘Bobo house’ renferme cinq enfants entre 39o et 40 o ce qui exige de nous une surveillance permanente. De nuit comme de jour : prends la température, administre les médicaments, découvre les enfants de sous leur montagne de couvertures, applique des compresses d’eau froide, nettoie le vomi… Allez Marie! Il est 3h du matin, c’est ton tour de garde. Lève-toi! Je suis crevée. Je ne suis pas infirmière et je n’en ai pas la ‘vocation’. Si ce n’était que de moi, je les balancerais tous à l’hôpital. Je me fais éternuée dessus, ‘morver’ dessus, tousser dessus et j’en passe. Tous les volontaires sont à bout et par logique nous sommes tous malades à notre tour. J’ai passé une bouteille complète de sirop à moi seule! En plus, de nombreux enfants ont la galle. Nous avons commencé à traiter les pires cas : ceux qui s’arrachent la peau en raison des démangeaisons. Je passe mon temps à me désinfecter les mains, c’est que c’est contagieux! Et il continue de pleuvoir sur Kalkeri, malheureusement cette eau ne nous lave pas des microbes. Je semble me plaindre, mais en réalité il suffit de se demander quelle est la priorité? La réponse vient aisément : les enfants. La soupe Lipton de maman est toujours la bienvenue lorsque notre corps fait des siennes. Ici, c’est notre rôle de leur donner se réconfort. Il n’en reste pas moins qu’il y a un urgent besoin de personnel qualifié dans le domaine de la santé. Être restée plus longtemps et ne pas être une femme (de par ma condition féminine, je suis grandement limitée), c’est une planification complète en ressources humaines en trois exemplaires que je leur pondrais.

Les heures d’électricité sont encore plus variables, ce qui affecte aussi mon travail. Ça me met l’humeur dans les talons, la patience à zéro et le goût de me creuser un trou pour hiberner. J’ai envoyé un rappel cette semaine aux anciens volontaires concernant l’étude, mais je n’ai pas trop la tête à mon projet. Le taux de réponse atteint à ce jour des sommets mirobolants de 23%. Il y a toujours des personnes que je ne parviens pas à rejoindre. Mon objectif de départ était d’arriver à un taux se chiffrant entre 40%-50%. Les conditions présentes sont toutefois plus difficiles de celles que j’avais évaluées. Il reste encore quelques jours avant la date limite de réponse, je verrai bien le résultat.

Sinon, le 15 août dernier, c’était la journée de l’indépendance. Vous avez sans doute pris conscience des alertes de sécurité dans les aéroports! Ici, les enfants avaient congé et pour l’événement ils avaient préparé de petits spectacles de musique, de danse, de chant et même une pièce de théâtre. J’admets n’avoir absolument rien compris de cette dernière, mais les jeunes étaient drôles à voir. Mon rire se mêlait à celui de l’assistance. Nous avons aussi eu droit à des discours interminables (toujours incompréhensibles pour mes oreilles vierges en Kannada). Ceux-ci m’amènent à l’esprit : ‘Est-ce que c’est encore loin Grand Stroumph?’ repris dans Shrek II par notre cher ami Donkey qui se rend au royaume de Far Far Away. Bref, ça n’en finissait plus de ne pas finir. Et bla, bla, bla…

J’ai besoin plus que jamais de votre soutien!

Que fait-on lorsque nous avons le syndrome de ‘l’écoeurite aigue’? On se remue dans tous les sens! C’est dans l’immobilité que je m’enlise davantage dans les sables qui cherchent à m’avaler; paradoxe avec les phénomènes naturels. J’ai donc demandé l’autorisation de me rendre en ville pour travailler. Théoriquement, je devrais être remboursée pour les dépenses ainsi encourues, mais l’important se fondait sur le changement d’air. J’ai aussi pu mettre en bonne partie à jour mon travail principal ainsi que d’autres tâches complémentaires. Les deux derniers jours de ma semaine furent donc occupés par de longues heures d’attente à la station de bus, par les trajets en autobus et par quelques heures sur le net accompagnées de bonne bouffe : masala dosa, paneer, raita et autres! Quand l’appétit va tout va! Mon sourire est revenu.

Apprentissage du moment : Je ne suis pas Mère Térésa!

mercredi, août 16, 2006

Semaine 7 : Mysore

C’est le temps des vacances…

C’est sous des torrents de pluies, les bottes souillées de boue, que je me suis rendue au pas de course jusqu’au bureau dans l’espoir d’y recevoir une bonne nouvelle : l’autorisation des boss Québécois en regard à l’envoi du questionnaire. Hé oui ! Après plus de deux semaines d’attente ponctuées de deux ou trois rappels explicites de ma part, j’ai enfin reçu leur bénédiction. Amen!

J’ai donc passé trois jours à acheminer l’étude à plus de 80 volontaires ciblés à travers le monde. Plusieurs adresses électroniques ayant été retranscrites se sont révélées erronées ou non actuelles. J’ai donc fait quelques tests qui parfois se sont avérés fructueux, j’ai aussi sollicité l’aide de Sophie pour quelques cas en provenance du Québec. Je passe sous silence les coupures de courant et la rapidité de la connexion Internet (28 ko/sec au max). La base de données étant terminée, autant pour les variables indépendantes que pour celles que j’ai évalué utiles de croiser, j’étais fin prête pour commencer l’entrée des résultats. En l’espace de 4 jours (3 jours d’envoi + 1 journée), cinq questionnaires complétés m’ont été retournés. J’ai donc pour le moment (ouf ! les calculs!) un taux de réponse d’environ 6% ! Ces questionnaires sont bien sûr déjà compilés…au suivant!

Oubliant le boulot, j’ai pris la direction de la ville puis celle de la gare, où accompagnée de Jeanne, j’ai empli mes poumons de l’air des vacances. Chout! Chout! En voiture! C’est après une nuit sans sommeil bercée par le silence des ronflements, la noirceur des lampes au néon et le rythme régulier des multiples arrêts, que j’ai mis le pied a 5h du matin dans la cité de Mysore. J’ai pris possession de ma chambre d’hôtel, j’ai dormi quelques trop courtes heures, et toujours en compagnie de Jeanne, j’ai endossé le rôle de la parfaite touriste.

Le premier arrêt fut le palais du Maharaja. J’avais l’impression d’être un personnage appartenant au conte des Mille et une nuits. Du bleu, du vert, des piliers immenses, de la dorure, des vitraux, des mosaïques; le tout formant une bulle de richesse presque paradisiaque au cœur de la vie quotidienne. Après tant de splendeur, j’ai décidé de me sentir royale à mon tour et c’est à dos d’éléphant que j’ai parcouru une partie de la cours ceinturant le palais. Finalement, ça donne un peu mal au cœur, sans parler des muscles fessiers…

Nous avons ensuite pris la direction du marché aux fruits et légumes qui est sans contredit l’un des plus colorés du pays. Harcelée de toute part, j’ai tôt fait d’acquérir mes provisions de vitamines et de quitter prestement cette fourmilière. Exténuée, je rentre à l’hôtel, je dis au revoir à Jeanne qui part rejoindre sa famille en visite à Madras, et je relaxe avec des soupirs d’aise sous les jets timides, mais CHAUDS d’une douche bienfaitrice.

Il n’est pas 9h du matin que j’attaque ma seconde journée. J’enfile mes pantalons d’Hampi, ma tunique, je prends mon sac made 100% india, je chausse mes chapels et un regard dans le miroir suffit pour me dire que mes efforts sont vains : ma peau est beaucoup trop claire et mes cheveux flamboyants (on se rappelle le henna) pour ressembler moindrement à une Indienne. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais passer incognito! Je me rends au terminus d’autobus et j’embarque en direction de Chamundi Hill au sommet de laquelle se dresse un temple. Je dirais qu’après ceux d’Hampi, celui-là n’avait pas grand intérêt. Par contre, le chemin de pèlerinage qui va du bas jusqu’au sommet de la colline est agréable. J’ai donc délaissé l’autobus que j’ai remplacé par les 1000 marches imposées aux pèlerins. Je me suis contentée de le parcourir dans une seule direction : celle de la descente! Décorée de mon point rouge au milieu du front, signe que j’avais bien fait ma puja au temple, je me suis rendue à un second palais : Jaganmohan, qui est aujourd’hui une galerie d’art. J’y ai trouvé des peintures, des meubles et des instruments de musique datant de plusieurs époques. Dans l’ensemble, j’ai bien aimé!

J’ai mangé dans un restaurant plutôt touristique où j’étais en majorité entourée de mes congénères; des occidentaux. Je me suis faite regarder avec stupéfaction pendant tout mon repas. Délaissant les ustensiles pour mes doigts, je dégustais mon poulet manchurian en l’enroulant dans un naan (pain sans levain) avec une habileté acquise pendant les dernières semaines pour ensuite l’engouffrer dans ma bouche sans même cligner de l’œil au contact des épices. Ça y est, je me fais autant observer par les occidentaux que par les Indiens!

La troisième journée fut consacrée à une petite excursion à Srirangapatnam à 18 Km de Mysore. Me sentant prête à tout, j’ai voulu vivre l’expérience indienne au maximum en m’y rendant avec les minis bus du pays. Erreur! C’est l’horreur! Pire que les collectivos/kombis en Amérique Latine! Ça m’a pris 1h15 faire le trajet alors que quelques heures plus tard je ferai le chemin inverse en 25 minutes à bord d’une autobus de la ville. J’ai visité le palais d’été de Tipu Sultan (devinez?...un roi!), le Gumbaz, un mausolée renfermant les dépouilles du défunt Tipu, j’ai pénétré dans un temple (plus j’en voit, plus ils se ressemblent tous), j’ai vu le donjon où Tipu emprisonna des officiers britanniques et j’ai fait un petit tour dans la ville qui est protégée par un fort. Ce fut une autre journée bien enrichissante, à la condition d’aimer Tipu!

Le plus grand désavantage d’être seule, c’est que je me fais aborder au quart de pas. Les multiples vendeurs sont certes exaspérants, mais ce qui est vraiment intolérable se matérialise en la personne d’hommes indiens en quête de femmes. Les films véhiculent l’image de la femme blanche comme étant une prostituée et certains ont la fâcheuse tendance de généraliser et de considérer ce stéréotype comme une vérité absolue. Je me suis faite accostée par la question suivante : Es-tu célibataire? Ou encore un vieux bonhomme décrépi à qui je n’avais rien demandé s’est improvisé guide pour ensuite me réclamer, lèvres tendues, un baiser compensatoire : j’ai éclaté de rire! Et vlan les convenances! Imaginez-vous donc que je suis mariée et que mon époux est en Inde avec moi, mais que le pauvre homme est actuellement cloué au lit par une forte diarrhée!

Á suivre….bientôt disponible.

Apprentissage du moment : Véracité du dicton; Toute vérité n’est pas bonne à dire.

Kalkeri en images 2

Les enfants de l'école




Je vous présente les ados males de Kalkeri! Il y a de la testotérones dans l'air! Je vous assure qu'ils sont tous d'excellents musiciens et que leur présence au sein de n'importe quel party ferait en sorte que peu de gens adopteraient une position assise. Au rythme des tam tam et des tablas nos pieds s'emparent facilement d'une folle frénésie.













Je suis certaine que quand vous étiez petits un de vos jeux favoris consistait a utiliser les sacs en papier rapportés du super marché pour vous confectionner des costumes de toutes sortes. Moi, je me rappelle bien de m'etre transformée plus d'une fois en robot! Et bien, un enfant reste un enfant peu importe le pays. Ici, on utilise les sacs de riz. Toutefois, il est toujours important de joindre l'utile a l'agréable et en raison des fortes pluies qui s'abattent constamment sur la montagne, quoi de mieux que ce type de matériel pour faire de parfaits imperméables?!













Nous retournons en arriere : 23 juillet 2006. C'est l'anniversaire d'un petit garcon et mon bureau est envahi de petits etres souriants. Non, non...détrompez-vous ce n'est pas de la neige! Les responsables de l'école avaient acheté pour l'occasion des bonbonnes de creme a barbe qu'ils ont vaporisées sur toute l'assemblee : au plus grand plaisir de tous ! Ce fut la cohue générale!











Regarder moi cette petite frimousse. Les enfants de la garderie furent maquillés avec soin par ma chere colloc. J'ai donc pu assister a la transformation de tous les visages. Singes, serpents, papillons et autres sont nés.
















Bon, bon...je suis un peu vieille non? En fait, je conserve toujours mon coeur d'enfant et c'est ce qui compte, non? Et je suis certaine que vous vous ennuyez de mon sourire! D'ailleurs, ce moment a ete immortalisé en raison que je venais de prendre une douche apres plus de 4 jours d'abstinence...c'est qu'il fait froid!

dimanche, août 06, 2006

Semaine 6: La mitad (1/2)

En arrondissant au nombre entier le plus près…je suis déjà de retour!

Bilan de la première demie

Il y a tellement de moments à raconter, d’instants à relater, d’événements à décrire, d’expériences à partager, d’apprentissages à transférer, mais il y a si peu de mots qui réussissent à extirper toute la couleur, la saveur et la texture de ce vécu, que je me retrouve silencieuse.

Récemment, il m’a été posée une question : ‘Mais qu’est-ce que cette école?’. Il ne s’agit pas d’une interrogation curieuse, elle est davantage teintée d’ironie, d’incrédulité et de désapprobation. Moi, je réponds : cette école est la chance d’une vie. Elle accueille près de cent enfants qu’elle loge, qu’elle héberge et qu’elle éduque. Des enfants qui sans cette institution seraient dans les rues, laissés à eux-mêmes, réduit à mendier du lever du soleil à la pénombre. Ici, je les vois sourire, je les vois rire, je les vois vivre.

Cette école est un nid d’amour sertie de sa montagne. La confiance est un sentiment qui se mérite; au fil des ans, la KSV a su de par les bienfaits visibles dont elle est la mère, implanter en ceux qui la rejetaient un germe d’acceptation et de reconnaissance. Elle enseigne la musique traditionnelle indienne qui fut longtemps réservée à la haute société du pays. Transmise de père en fils, seul certains privilégiés en connaissaient la gamme et la mélodie. Bien qu’aujourd’hui, le système de castres soit aboli, l’accès à la culture musicale demeure difficile. La manque de ressources en est la principale cause : cours et instruments sont dispendieux. L’école fait battre le cœur de ses enfants au rythme des tablas. Elle enseigne, en plus des matières de base, une langue essentielle : l’anglais. La maîtrise de celle-ci est obligatoire pour quiconque entretient l’espoir de progresser. Les emplois bien rémunérés en exigent la connaissance. L’école fait du savoir un bien commun. Elle inculque également un savoir-être.
Respecte ton prochain.
Aies confiance en toi et en les autres.
Sois intègre.
Partage.
Rêve.
Elle est un guide.

Il est faux d’affirmer que les enfants qui l’animent ont peu. Ils possèdent parfois même une richesse plus étendue que ceux demeurant au Québec. Nous submergeons ces derniers de jeux vidéo, d’ordinateurs, de poupées qui parlent, de voitures de course…mais prenons-nous encore le temps de leur lire une histoire avant qu’ils ne ferment leurs paupières en quête de dragons, de fées et de folles épopées? Ne sommes-nous pas entrain d’instaurer au sein de nos sociétés des programmes visant à concilier le travail et la famille? Une telle démarche n’est-elle pas le reflet d’une prise de conscience face à une perte de valeurs beaucoup plus humaines que ne le seront jamais la consommation, le profit et la possession? Ici, les enfants sont la priorité; soins, éducation, tendresse et amour constituent les composantes de leur environnement.

Mon adaptation n’a pas été facile. Le mode de vie qui règne sur la montagne où est juchée l’école diffère de celui qui a toujours été le mien. J’intègre les différences selon mes capacités, mais je demeure dans ce processus qu’une seule personne, celle que je suis : moi. Ce que je vous écrits est la perception que j’en ai, celle d’une occidentale. Il s’agit de mon regard et de mon ressenti, il n’y a pas place à l’objectivité. Je vous incite à discerner les faits des opinions et à ne pas porter de jugement hâtif.

J’entame la seconde partie de mon séjour avec enthousiasme. Il me reste encore tellement à apprendre!

Apprentissage du moment : De la connaissance naît la compréhension. De l’ignorance naît le jugement.

mardi, août 01, 2006

Aventure : Quoi de neuf docteur?

Prendre un enfant par la main, pour l’emmener vers demain…

De l’imminent départ des deux infirmières de l’école résulte une surcharge de travail pour les volontaires toujours dévoués à la KSV. Je m’inclus dans ce lot! J

Depuis plusieurs mois, un des enfants d’une famille d’ouvriers logeant à l’école est malade. De quoi souffre ce ‘sweet heart’ âgé d’à peine un an? Diagnostic à ce jour : infection respiratoire. Son état étant visiblement critique, je fus en charge d’accompagner père et fils au ‘Children hospital’. Mes fonctions : comprendre ce dont souffre l’enfant, acheter les médicaments prescrits et collecter la totalité des factures que je me chargerai de régler.

Je me présente tel que convenu à midi moins dix à la maison de l’ouvrier. Un bout de papier à la main, un plan tracé sur le coin d’une table, constitue l’unique indice en ma possession servant à m’indiquer ma destination. En chemin vers le ‘bus stand’, la femme de l’ouvrier portant un autre de ses enfants dans ses bras se joint à nous. Mes responsabilités s’accroissent : je dois maintenant guider toute une famille! Suite à deux heures et vingt minutes d’attente, j’aperçois les reflets bleus et blancs de notre seule possibilité de quitter le village : l’autobus # 1424 de Kalkeri.

Une fois en ville, je demande mon chemin à 4-5 personnes et je parviens sans trop de difficultés à conduire la famille à bon port. Je l’enregistre et nous sommes rapidement reçus par le médecin. L’école est un bon client. Prochaines démarches : une multitude de petites fioles à acheter et des radiographies à passer. L’enfant doit recevoir des injections par intraveineuses. Les règles de l’hôpital sont strictes : seuls les infirmières et les préposés peuvent être présents lors de ce traitement. Le père complètement effrayé n’accepte pas cette procédure. Il serre son enfant contre lui et résolu, il se dirige à grand pas vers la sortie. Je négocie à force de gestes et de mimiques avec le personnel de l’institution afin qu’il permette à celui-ci de demeurer avec son fils. On m’accorde cette réclamation. Á peine entré dans la salle, l’ouvrier en ressort emportant son garçon loin de toutes ces femmes vêtues de vert qui lui veulent du mal. Aïe!

Incapable de communiquer avec le travailleur autrement que par signes et pensant que le manque d’informations est la source de sa frayeur, je lui répète comme une litanie le mot ‘doctor’ dans le but de l’inciter à retourner voir ce dernier. Deuxième visite! Le médecin lui explique donc le fonctionnement d’une intraveineuse ainsi que les effets qu’engendreront les injections sur l’état de santé de son fils. L’expression de l’ouvrier exprime toujours une crainte profonde : il veut s’en aller. Le médecin s’adresse à moi et il m’informe dans un anglais approximatif qu’il n’a pas de temps à perdre et qu’il ne garanti pas la vie de l’enfant si celui-ci ne reçoit aucun traitement.

J’amène donc toute la famille à la rencontre d’autres enfants malades afin qu’elle puisse constater que les injections ne représentent aucun danger. Elle peut aussi par la même occasion bavarder avec les différents parents. Rien n’y fait. Regardant l’enfant brûlant de fièvre dont l’état est léthargique, je ne peux pas me résoudre à tourner le dos et à le ramener à l’école. Je pars donc à la recherche de la seule autre personne à l’exception du médecin qui balbutie l’anglais : le radiologiste. Ce dernier, compréhensif, vient pour la seconde fois rencontrer la petite famille. Celle-ci est totalement en larmes. Le deuxième enfant concourre avec le premier dans une compétition de cris et de pleurs. Des discussions vivent s’en suivent, mais heureusement elles portent leurs fruits. Père et mère toujours trop apeurés, c’est à moi qu’ils confient la tâche de tenir l’enfant lors des injections. Eux attendent à l’extérieur.

Une fois cette étape terminée, nous nous dirigeons vers l’endroit où sont installés les masques à oxygène. C’est le dernier soin. J’ai les oreilles écorchées par les pleurs et je suis épuisée en raison des efforts de compréhension que j’ai eu à déployer. Il est 18h15, et je saisi dans la déblatération dont m’assomme les femmes en vert que l’enfant doit demeurer environ deux jours à l’hôpital sous observation. Après quelques téléphones lors desquels je réclame de l’aide, Avinash (le comptable de l’école) vient me rejoindre. Enfin un traducteur! Il rassure la famille tout en s’occupant qu’on achemine à celle-ci couvertures et menus objets nécessaires à cette nuit forcée. Je quitte en moto avec lui (Yahoo! Ce que je peux adorer ça…et ce que je peux me faire regarder!) en me disant : ‘Bien que les liens familiaux divergents (par exemple, les femmes et les enfants sont souvent battus), la peur de perdre un enfant est-elle commune?

Malheureusement, la réponse m’est apparue trop rapidement : je réponds par la négative. Une réalité difficile à affronter pour un cœur sensible est pourtant présente : certains enfants sont vendus par leurs parents. Il y a un petit garçon à l’école dont le père a échangé le grand frère contre une somme d’argent servant à lui procurer un liquide ambré utile à apaiser les gorges sèches et à engorger les foies. Les roupies ($) disparaissant au rythme de chaque gorgée, la bourse devient rapidement aussi à sec que l’était précédemment la gorge. Le père du jeune garçon n’a donc qu’un seul désir : le récupérer dans l’optique d’assouvir sa soif. Et nous que pouvons-nous faire? Nous sommes impuissants. Je voudrais être la goutte d’eau ajoutée au verre : j’aimerais représenter la différence. Permettre à quelqu’un de le percevoir à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Espoir. Seulement, dans un cas comme celui-ci, mon impact est comparable à la goutte qui s’ajoute à l’océan. Imperceptible.

Apprentissage du moment : Le changement naît d’une volonté commune.